Biosphère Urbaine

biosphere urbaine

Informations clés

  • Lieu : Boulogne-Billancourt, Région parisienne
  • Date : second semestre 2024
  • Durée de l'expérience : 4 mois

Les low-tech de l'appartement

1. Douche champignonnière

Douche champignonnière

Une douche qui divise par 10 la consommation d’eau, par 15 celle d’énergie et… qui produit des champignons.

Les Français consomment en moyenne 150 litres d’eau par jour et par personne. 40 % de cette eau est utilisée pour l’hygiène (bain, douche).

La consommation d’un ballon d’eau chaude représente plus de 10 % de la facture électrique d’un logement en France.

Notre objectif était de diviser par 10 la consommation d’eau et par 15 celle d’énergie

Principe de fonctionnement

La première étape a été de trouver la meilleure technologie pour réduire le débit d’eau tout en garantissant hygiène et confort. Nous avons été séduits par la brumisation. Résultats de nos essais : deux brumisateurs fixes et émettant un jet diffus mouillant, plus un troisième mobile (au bout d’un tuyau souple) avec un jet plus focalisé et puissant pour le rinçage.

Notre consommation d’eau est descendue à un volume compris entre 2 et 5 litres par douche.

Nous avons opté pour un ballon d’eau chaude de seulement 2 litres chauffé à 75 degrés (pas de risque de légionellose). Au début de la douche, l’eau pulvérisée est chaude (mais ne brûle pas, car les gouttes sont très fines). Elle se refroidit très progressivement au fur et à mesure que l’eau froide du réseau d’eau de la ville entre dans le ballon. On termine donc par une douche froide, ce qui est reconnu bon pour la santé.

Ce ballon était isolé thermiquement par 15 cm de laine de chanvre. Il était équipé d’un thermostat qui coupait le courant lorsque le ballon était chaud.

Le sol de la douche était une plaque en inox, inclinée pour que l’eau s’écoule dans une gouttière. Un biofiltre équipé d’une pompe traitait l’eau savonneuse avant qu’elle soit envoyée dans le système de culture en bioponie.

La cabine de douche étant l’espace le plus humide de l’appartement, nous avons choisi d’y faire pousser des champignons. 4 tours de culture de pleurotes étaient suspendues à la structure. Une rotation de deux tours toutes les deux semaines permettait de les garder pendant leur phase de fructification. Une fois cette phase terminée, le substrat (sciure de paille et mycélium) était utilisé pour les toilettes vivantes.

Un mur végétalisé de mousse visait à absorber le dioxyde de carbone des pleurotes. Un tuyau d’aération était relié à un extracteur pour renouveler l’air régulièrement.

Nous utilisions des savons et shampoings solides neutres et bio afin de ne pas polluer l’eau.

Malgré la petite surface de l’appartement, nous avons choisi de créer une grande douche. Nous voulions que ce soit un espace de détente pour y passer un temps agréable que ce soit pour se laver ou s’occuper des champignons.

Pour aller plus loin

Ressources complémentaires

Bilan et pistes d’amélioration

Nous avons atteint les objectifs en termes d’économie d’eau et d’énergie. Cette douche était non seulement très agréable mais aussi très économe et productive.

Cependant quelques améliorations sont à intégrer :

  • L’eau recyclée de la douche peut être intégrée à la solution de culture des plantes. Cependant, suite à des tests menés par le laboratoire RITTMO, nous avons vu que son taux de salinité était élevé, ce qui n’est pas optimal pour leur croissance. Il serait intéressant de poursuivre les tests pour voir si le choix du type de savon a un impact sur ce taux.
  • Il est préférable de récolter les champignons avant qu’il n’émettent leurs spores. Nous avons retrouvé une couche de spores collée aux pales du ventilateur.
  • La brumisation mouille moins vite qu’une douce classique. Il faut prévoir davantage de temps, surtout quand on a les cheveux longs.
  • En hiver, lorsque la température de la salle de bain est froide, l’eau brumisée doit être au-dessus de 70 degrés au début de la douche. En effet, les gouttelettes fines se refroidissent vite au contact de l’air. À l’inverse en été, quand la température de l’air est chaud, il n’est pas nécessaire de chauffer l’eau.

2. Vêtements

Vêtements

Des vêtements en fibre naturelle, seconde main ou made in Boulogne-Billancourt.

L’industrie du vêtement est l’une des plus polluantes au monde. Elle génère environ 1,2 milliard de tonnes de CO₂ par an, soit plus que tous les vols internationaux et le trafic maritime réunis. Elle est aussi responsable de 20 % de la pollution mondiale de l’eau à cause des teintures et des traitements chimiques.

Pour que notre garde-robe ne génère pas ces impacts négatifs, la première résolution a été de posséder peu de vêtements mais de qualité. Corentin a opté pour des vêtements en fibre naturelle (laine, coton, lin). Amateur de couture, il a fabriqué une partie de ses vêtements par lui-même (chaussures, pantalons). Caroline, de son côté, a privilégié la seconde main et le troc de vêtements, afin d’avoir accès à une plus grande diversité d’ensembles.

Principe de fonctionnement

Fabriquer ses propres vêtements demande une certaine maîtrise de techniques de couture. Le plus simple est de copier un vêtement qu’on apprécie, en gardant le même type de tissu et sans tenter d’y apporter des modifications. Pour copier un vieux pantalon par exemple, on peut le découdre et s’en servir comme patron pour découper chaque pièce dans du tissu neuf. Il s’agit ensuite de coudre ses pièces ensemble dans le bon ordre.

Pour les chaussures, nous avons suivi deux options. La première, en partenariat avec des spécialistes de la chaussure (Axel M’Bemba et Mikel Cazenave), consistait à réaliser des semelles en bio plastique imprimé en 3D, assemblées avec du tissu. La seconde a été de réaliser des chaussures-chaussettes, en cousant une semaine de latex naturel avec une sangle en lin et des chaussettes en fibre de bambou.

Pour aller plus loin

Ressources complémentaires

  • Tutoriel chaussures-chaussettes : à venir

Bilan et pistes d’amélioration

Caroline a été satisfaite du principe de seconde main et de troc. Cela lui a permis d’adapter sa garde-robe au fur et à mesure de ses envies, tout en gardant un nombre limité de vêtements.

Corentin a apprécié monter en compétences en couture, bien que les premiers essais ont demandé beaucoup de patience. Au début, confectionner un pantalon demandait une journée entière. Avec l’habitude, il les réalise maintenant en moins d’une demi-journée.

Concernant les chaussures, pour les premières les semelle en bioplastique n’ont pas duré dans le temps. Il faudrait trouver un type de bioplastique plus souple. Quant aux chaussures-chaussettes, elles sont aciles à fabriquer et agréables à porter, mais ne sont pas adaptées par temps pluvieux.

3. Grillons

Élevage de grillons

Des insectes comestibles adaptés à la vie urbaine

La viande est très nutritive mais a un mauvais impact sur l’environnement. La consommation d’insectes demande peu de ressources et d’espace. Peu commune en Europe, elle l’est dans de nombreux pays du monde.

On estime que 2 milliards d’humains en consomment traditionnellement. Nous avons opté pour un régime alimentaire végétarien, tout en consommant une petite quantité d’insectes, notamment pour les apports en vitamine B12. Parmi les insectes comestibles, nous avons choisi les grillons, car ils sont très adaptés à l’élevage en milieu urbain.

Principe de l’élevage

Une armoire constituée de 6 vivariums était disposée dans l’entrée de l’appartement. Chaque vivarium contenait des boîtes à oeufs en carton (ils se logent dans les interstices), un abreuvoir et un plateau avec un mélange de graines broyées. Nous recevions les grillons à un âge de 4 semaines.

Après 4 à 6 semaines dans nos vivarium, ils atteignaient la taille adulte. Nous posions alors un pondoir afin qu’ils déposent des oeufs (ces oeufs étaient ensuite donnés aux éleveurs Sandra et Alison). Puis nous placions un piège (simple bocal en verre) pour capturer ceux que nous allions consommer.

Pour aller plus loin

Ressources complémentaires

Bilan et pistes d’amélioration

Il n’y a pas eu de problème majeur, mais l’élevage a été beaucoup moins productif que prévu. Nous avons apprécié les consommer, mais nous nous sommes aussi beaucoup attachés à nos grillons, et leur principal intérêt a été de mettre une bonne ambiance dans l’appartement grâce à leur chant ! L’élevage de grillons demande peu de temps et est très ludique.

Voici ce qui aurait pu être amélioré :

  • Nous n’avons pas apporté les oeufs suffisamment régulièrement à Sandra et Alison, si bien qu’il n’y a pas eu le roulement attendu.
  • Nous avons mis du temps avant de trouver le système le plus adapté pour les capturer.
  • La mangeoire et l’abreuvoir peuvent être améliorés pour réduire le temps d’entretien ainsi que les risques de moisissure.
  • Leur cycle de développement ralentit quand la température ambiante descend en dessous de 20 degrés.
  • Les pondoirs sont remplis de fibre de coco humidifiée. Il est nécessaire de la stériliser avant de l’utiliser, sinon il y a un risque que les oeufs moisissent.

4. Toilettes vivantes

Toilettes vivantes

Des toilettes vivantes pour valoriser les déchets organiques et économiser de l’eau

Les toilettes classiques utilisent de l’eau potable pour chaque chasse, ce qui représente environ 20 % de la consommation d’un foyer. Cette eau devient ensuite inutilisable, car transformée en « eaux noires ».

Chaque personne produit en moyenne 50 litres de matières solides et 500 litres d’urine par an.

Ces excréments contiennent des éléments nutritifs utiles comme l’azote, le phosphore et le potassium. Habituellement considérés comme des déchets, ils peuvent pourtant devenir une ressource précieuse.

Cependant, les toilettes sèches en appartement ne sont pas simples à mettre en place, car elles nécessitent un espace de compostage. C’est pourquoi nous avons conçu des toilettes vivantes, dans lesquelles l’urine est collectée d’un côté, tandis que de l’autre, des larves de mouche soldat noir transforment directement les matières organiques.

En plus de produire un fertilisant pour l’agriculture, ces larves constituent une excellente nourriture pour les animaux d’élevage. Elles permettent également de réduire par cinq le volume de déchets organiques, diminuant ainsi l’espace requis et la fréquence de maintenance.

Principe de fonctionnement

Au début de chaque cycle, des larves juvéniles sont ajoutées dans le bac. Pendant 2 à 3 semaines, elles consommaient les déchets organiques issus des toilettes, auxquels on ajoute un substrat (nous utilisions de la sciure de paille issue de la culture de pleurotes) ainsi que des déchets de cuisine, préalablement broyés (le broyeur a été réalisé avec l’Avant d’Après à partir d’un hachoir à viande relié à un pédalier de vélo).

Durant cette période, les larves grandissaient jusqu’à atteindre leur taille maximale. Il fallait alors tamiser le contenu du bac pour séparer les larves du fertilisant.

90 % des larves étaient ensuite données aux poules de notre ferme partenaire ; les 10 % restantes étaient remises aux éleveurs de mouches pour qu’elles deviennent mouches et se reproduisent afin d’obtenir de nouvelles larves juvéniles.

Pendant l’expérience, une partie du fertilisant a été utilisée par la ferme partenaire. Le reste a servi à divers tests, notamment pour la culture de champignons (comme le Coprin chevelu) et à des analyses menées avec le laboratoire RITTMO.

L’urine collectée a été valorisée dans différentes applications : intégrée au méthaniseur, utilisée comme engrais pour la culture bioponique, comme nourriture pour la culture de spiruline, ainsi que pour des expérimentations et analyses avec le laboratoire RITTMO, et pour des expérimentations comme fertilisant avec la ferme partenaire.

Nous utilisions des lingettes lavables et réutilisables en alternative au papier toilette.

Pour aller plus loin

Ressources complémentaires

Bilan et pistes d’amélioration

Les toilettes vivantes ont été un vrai succès. Elles ont très bien fonctionné, ont produit beaucoup de larves chaque semaine pour nourrir les poules de la ferme, le substrat produit était d’excellente qualité, et il n’y avait pas de mauvaises odeurs. Le temps de maintenance était très faible. Enfin, nous avons été émerveillés par ces larves auxquelles nous nous sommes beaucoup attachés !

Voici nos retours d’expérience :

  • Quand il a commencé à faire froid en octobre, les larves ont ralenti leur activité. Il aurait fallu que la température reste au-dessus de 20 degrés.
  • L’opération de tamisage était parfois difficile. Nous avons mis du temps avant de trouver le bon dosage de substrat afin que la matière soit facilement tamisable.
  • Le bac qui contenait les larves était en PLA, trop fragile au niveau des pliures. Un bac en inox aurait été plus approprié.
  • Ce bac était d’une longueur importante pour qu’il puisse s’étendre des toilettes à la table de cuisine. Cela a contraint l’aménagement de l’appartement car nous avons dû positionner les toilettes à côté de la cuisine. Il aurait été plus simple de disposer un récipient dans la cuisine pour recueillir les déchets de nourriture broyée, et le vider dans le bac des toilettes une ou deux fois par semaine.
  • L’utilisation des copeaux de paille issus de la culture de pleurote comme substrat pour les toilettes était très efficace. Les tests de culture de coprins chevelus et de pleurotes sur le substrat produit par les larves sont prometteurs, ainsi que les tests réalisés par le laboratoire RITTMO pour l’utiliser comme fertilisant.
  • Il serait intéressant de développer un biofiltre capable de valoriser 100 % de l’urine produite quotidiennement, et de poursuivre les expérimentations sur son utilisation dans le méthaniseur et dans un photobioréacteur à micro-algues.
  • L’usage des lingettes est ergonomique et convaincant, mais il faudrait étudier le réel gain environnemental, car les laver demande de l’eau et de l’énergie. Il serait intéressant d’étudier l’utilisation d’un jet d’eau en alternative.
  • La maintenance du broyeur à déchets de cuisine était pénible, car la matière séchait dans la grille de sortie. Un autre outil type hachoir manuel aurait été sans doute plus adapté.
  • La puissance de ventilation doit être plus élevée lorsque les larves sont juvéniles car elles mettent plus de temps à transformer la matière, il est donc plus important de bien aérer pendant cette phase.
  • Ce principe de toilette vivante est aujourd’hui difficilement réplicable, car les filières d’élevage de mouches ne sont pas assez développées.

5. Produits d’entretien

Produits d'entretien

8 ingrédients pour faire briller l’appartement

On estime qu’en France près de 50 % des logements sont concernés par une pollution de l’air intérieur liée aux COSV (composés organiques semi-volatils), émis notamment par les détergents, sprays, peintures ou produits parfumés.

Ces substances, une fois évacuées dans les réseaux d’eaux usées, contribuent à la pollution de l’eau. En France, plus de 200 substances actives utilisées en phytosanitaire ont été détectées dans les eaux superficielles et souterraines. Certains composants comme les PFAS sont persistants, bioaccumulables et reconnus pour polluer les nappes et les milieux aquatiques.

Le choix de produits d’entretien est loin d’être anodin: il impacte à la fois la qualité de l’air respiré au quotidien et la pureté de nos eaux.

Or nous voulions utiliser nos eaux usées pour la culture des plantes. Il était donc primordial de privilégier des alternatives plus saines, notamment en limitant les parfums chimiques. (Selon l’Ademe, les produits industriels émettent davantage de COV que les alternatives maison). Nous voulions aussi que ces produits répondent à la démarche zéro déchet.

Principe

Nous avons fait appel à Mathilde et Edith, 2 expertes dans ce domaine (de l’entreprise Léa Nature). Elles nous ont expliqué qu’on peut tout faire avec ces 8 composants :

  • Percarbonate de soude
  • Bicarbonate de soude
  • Acide citrique
  • Savon noir
  • Cristaux de soude
  • Blanc de meudon
  • Terre de diatomée
  • Vinaigre blanc

Par exemple, on peut utiliser le vinaigre pour nettoyer les vitres, le bicarbonate pour absorber les odeurs. On peut aussi faire des combinaisons :

Crème à récurer:
  • 2 cuillères de savon noir
  • 1 cuillère de blanc de meudon
  • 1 cuillère de bicarbonate de soude
Mousse crépitante pour enlever le tartre:
  • 6 cuillères de percarbonate
  • 3 cuillères de bicarbonate
  • 1 cuillère d’acide citrique

Pour notre douche, nous avions choisi du savon et du shampoing solides, neutres, bio et sans parfum.

Pour aller plus loin

Bilan et pistes d’amélioration

Nous avons apprécié le principe d’avoir des bocaux avec différentes poudres et des recettes pour constituer les produits adaptés à chaque usage. Nous avons appris que “le propre n’a pas d’odeur”.

6. Cocotte du futur

Cocotte du futur

Un nouveau système de cuisson pour économiser de l’énergie, réduire les émissions de gaz à effet de serre et la pollution de l’air intérieur.

Les modes de cuisson communs sont inefficaces d’un point de vue énergétique. Par exemple, faire cuire du riz à la casserole génère beaucoup de pertes thermiques car les parois ne sont pas isolées. On estime que la consommation moyenne d’énergie pour l’alimentation représente environ 6% à 30% de la consommation totale d’énergie d’un ménage français.

Les émissions de gaz à effet de serre provenant de la cuisson des aliments varient selon les méthodes de cuisson utilisées : les fours traditionnels à gaz ou électriques sont parmi les principaux contributeurs aux émissions de CO2 dans les ménages urbains.

La cuisson des aliments, surtout à haute température, dégage des polluants dans nos cuisines : des particules fines, des composés organiques volatils, du monoxyde de carbone et parfois des oxydes d’azote. Ces substances peuvent affecter la qualité de l’air et la santé respiratoire.

Ainsi, pour diminuer notre consommation d’énergie, réduire les émissions de gaz à effet de serre et éviter la pollution de l’air intérieur, nous avons mis au point la cocotte du futur. Elle a été conçue en partenariat avec l’ICAM de Nantes. Partant des recommandations de notre nutritionniste Anthony Berthou, la cuisson de nos aliments devaient principalement être à l’eau et à la vapeur. La solution retenue est une combinaison du principe de la marmite norvégienne et de l’autocuiseur électrique.

Principe de fonctionnement

C’est un autocuiseur (type cocotte-minute), chauffé par une résistance électrique, elle-même relié au cerveau (voir description du cerveau). Un isolant thermique évite les déperditions de chaleur.

Comme sur les autocuiseurs à riz, un thermostat coupe le courant électrique lorsque la température dépasse 100 degrés. Ainsi pour la cuisson du riz par exemple, si on met la bonne dose d’eau par rapport à la dose de riz, la cuisson s’arrête lorsque le riz est cuit (en effet, lorsque toute l’eau a été absorbé par le riz, la température monte et le thermostat coupe le circuit). Pour les cuissons à la vapeur, la chauffe s’arrête quand toute l’eau est évaporée.

La cocotte du futur est programmable. On peut régler sur le cerveau le temps de cuisson et le délai à partir duquel on souhaite qu’elle démarre. Ainsi nous préparions généralement nos plats le matin, afin qu’ils cuisent pendant la journée, pour profiter de l’énergie des panneaux solaires au moment où la batterie est pleine. Quand nous rentrions le soir, les plats étaient encore chauds, car l’isolation thermique était très efficace.

Pour aller plus loin

Ressources complémentaires

Bilan et pistes d’amélioration

La cocotte du futur a très bien fonctionné pendant toute l’expérience. Elle nous a permis de cuire les céréales et légumineuses à l’eau, et les plats à la vapeur comme les baos (pains chinois fourrés), les légumes, les tubercules ou les champignons.

D’après les tests réalisés par les étudiants de l’ICAM, la cocotte du futur divise par 5 à 10 la consommation d’énergie pour la cuisson.

Voici nos retours d’expérience :

  • Il n’est pas facile de la nettoyer car elle est reliée à des câbles électriques. Il serait intéressant de tester le même principe que dans les autocuiseurs à riz, avec un récipient posé sur la plaque chauffante.
  • La cocotte ne monte jamais en pression, donc il n’est sans doute pas nécessaire d’utiliser un autocuiseur du type cocotte-minute. Le contenant pourrait être réalisé avec des parois plus fines comme un faitout en inox.
  • Elle est ergonomique, mais comme elle est peu puissante, le temps de cuisson est long. Il nous a fallu un temps d’adaptation pour apprendre à anticiper, en préparant nos plats à l’avance (le temps de préparation n’est pas plus long, mais il doit être anticipé). Il serait sans doute préférable de passer d’une puissance de 150W à 200W, voire même 250W.
  • C’est très agréable de ne pas avoir à se soucier de la cuisson en cours. Contrairement à la cuisson au gaz ou aux plaques électriques, la cocotte du futur s’arrête automatiquement et les aliments ne sont jamais trop cuits. On peut donc lancer la cuisson et partir faire autre chose. Quand on rentre, c’est prêt et toujours chaud.
  • Ce type de cuisson à l’eau et à la vapeur amène à manger plus sainement. Les aliments ne sont pas frits ou grillés (ce qui est déconseillé par notre nutritionniste).

7. Régime alimentaire

Régime alimentaire

Manger sain, bio, local, de saison, zéro déchet, économique… et appétissant.

Notre objectif était que notre nourriture soit d’origine bio, locale et de saison, que les recettes soient équilibrées sur le plan nutritif, peu consommatrices en énergie et en temps, que ce régime ne génère pas de déchets, soit accessible financièrement, et bien sûr bon sur le plan gustatif. C’est un défi de taille, mais qui a des impacts importants sur la santé et l’environnement.

Principe du régime Biosphère

Nous avons suivi les recommandations de notre nutritionniste Anthony Berthou, notamment grâce à son livre “Du bon sens dans notre assiette”, que nous avons combiné avec nos objectifs.

Voici la structure de nos repas :

  • Petit déjeuner : Oléagineux, oeufs, fruits, bao ou pain complet tartiné de beurre, de fromage ou de sauce, grillons.
  • Déjeuner : Salade de légumes crus ou cuits, plat Trois tiers (un tiers de légumes, un tiers de légumineuses, un tiers de céréales), fruits.
  • Collation : Oléagineux, fruits.
  • Dîner : Soupe ou bouillon, plat Trois tiers (un tiers de légumes, un tiers de légumineuses, un tiers de céréales), fruits.

Nos sources d’approvisionnement étaient les suivantes :

  • Les denrées qui se conservent longtemps comme les céréales, les légumineuses ou l’huile venaient de l’épicerie participative à laquelle nous avions adhéré (l’Epi des Loges), et l’épicerie bio du quartier. Certains ont été commandés en gros à un commerce bio en ligne sur Internet.
  • Les fruits et légumes ainsi que les oeufs venaient principalement de la ferme partenaire La Ferme des Loges, à 15 km, dans laquelle nous travaillions une demi-journée par semaine. Une partie venait de l’épicerie bio du quartier.
  • Les aromatiques, légumes feuilles, grillons et les champignons étaient cultivés ou élevés directement dans l’appartement.
  • Nous consommions également des produits fermentés comme des boissons, yaourt et bocaux de lacto-fermentation, réalisés par Donatella, Julie ou nous même.

Pour aller plus loin

Ressources complémentaires

Bilan et pistes d’amélioration

Il a fallu plusieurs semaines de tâtonnement, avant de trouver les bonnes recettes, notamment pour passer sous le budget visé des 6,50 € par jour et par personne. Une fois rodés, il est possible de manger sain et durable, tout en étant très économe en temps et argent. Voici les principaux obstacles que nous avons eus à franchir :

  • Apprendre à bien anticiper les repas, car nous partions d’ingrédients non transformés. Pour la cuisson de fèves, il faut penser à les faire tremper la veille, il faut laisser le temps à la pâte à bao pour lever, etc.
  • Nous passer des aliments sucrés et exotiques. Le besoin en sucre diminue petit à petit quand on en réduit la consommation. L’arrêt du café, du chocolat et autres gourmandises demande aussi quelques semaines à oublier. Une fois l’expérience terminée nous avons repris leur consommation, mais de manière beaucoup plus modérée (et maîtrisée).
  • La contrainte zéro déchet a limité la diversité d’aliments, car de nombreux produits ne sont pas emballés dans des cartons ou contenants réutilisables : le tofu, les laits végétaux, etc.
  • Quand il y avait plusieurs jours de mauvais temps d’affilée, nous ne pouvions pas faire de cuissons longues (les batteries étaient déchargées). Nous aurions dû systématiser la confection de conserves les jours de beau temps : lentilles cuisinées, bases de soupes à diluer, etc.

8. Bioponie

Bioponie

Faire pousser ses légumes dans la cuisine

Les légumes feuilles (salades, aromatiques, épinards…) perdent rapidement leur valeur nutritive. De plus, une partie s’abîme pendant le transport et le stockage. Il est donc important qu’ils poussent au plus près du consommateur.

Notre objectif était de les produire directement dans la cuisine, tout en recyclant l’eau et en produisant notre propre engrais à partir de matières organiques issues de l’appartement.

Principe de fonctionnement

Nous avons disposé un bassin de plus de 4 mètres carrés et 300 litres d’eau devant les fenêtres exposées au Sud. Nous y avons disposé des paniers de billes d’argile et repiqué plus de 120 plans de menthe, basilic, roquette, ciboulette, etc.

À une extrémité du bassin, une pompe immergée renvoyait l’eau dans un biofiltre (panier rempli de bille d’argile et roche volcanique) situé à l’autre extrémité. Ainsi l’eau circulait en circuit fermé dans le bassin.

Sur le pan de mur qui n’a pas de fenêtre, nous avons installé un bandeau d’éclairage horticole (LED), pour la croissance des plantes ainsi que l’éclairage de la pièce. Notre table à manger était fixée au système de bioponie. Nous pouvions donc nous servir en feuilles sur ce “bar à cueillette” pendant les repas.

La pompe était reliée au “cerveau” et s’activait automatiquement (la fréquence dépendait de l’heure, l’ensoleillement et du niveau de la batterie).

L’eau de la douche, après être passée par un premier biofiltre, était intégrée au bassin. Comme les plantes consommaient plus que le volume d’eau de douche, nous devions rajouter de l’eau régulièrement. Nous ajoutions aussi en moyenne 1% d’urine en goutte à goutte dans le biofiltre.

Pour aller plus loin

Ressources complémentaires

Bilan et pistes d’amélioration

Nous avons été très satisfaits du système. C’était très agréable d’avoir à disposition de la nourriture saine et fraîche, cela apporte beaucoup de satisfaction, et la vue en permanence de la végétation est plaisante et pousse à manger sainement.

Le temps de maintenance est très faible et cela permet des économies, car les légumes feuilles coûtent relativement cher.

Cependant certains points sont à améliorer :

  • Certaines plantes ont bien poussé, d’autres non. Nous avons eu des soucis de repiquage : les plants transplantés sans doute trop vite, mourraient facilement. Des tests sont à poursuivre pour mieux comprendre quelles plantes poussent dans quelles conditions (en fonction de l’ensoleillement, de la saison).
  • Le laboratoire RITTMO a constaté qu’une forte amélioration de la composition des engrais était possible. Il faudrait notamment diminuer la salinité de l’eau de douche, et intégrer un extrait du substrat des mouches soldat noires pour compléter les apports en certains éléments. Il serait aussi intéressant d’utiliser les eaux usées de l’évier.
  • Le système rafraîchissait l’air en été grâce à l’inertie thermique des 300 litres d’eau, ainsi que par l’évapo-transpiration des plantes. Par contre, en hiver, le taux d’humidité dans l’air posait un problème de confort thermique. Il faut bien gérer la ventilation, voire même réduire le nombre de plantes en hiver.
  • Après l’installation du système il faut prévoir plusieurs semaines pour que le système se “cycle” (afin que les populations de micro-organismes colonisent le milieu).

9. Cerveau

Cerveau

Un appartement 100 % énergie renouvelable grâce au “cerveau”

Faire du froid (réfrigérateur, climatisation) et faire du chaud (chauffage, ballon d’eau chaude, bouilloire, four, plaques de cuisson) consomme beaucoup d’énergie dans nos logements.

Nous voulions que l’électricité de l’appartement dépende uniquement d’énergies renouvelables, tout en étant très accessible économiquement.

Principe de fonctionnement

Nous avons réalisé cette étude grâce à une équipe d’étudiants de l’Icam de Nantes et Quentin Chevalley, stagiaire d’une école d’ingénieur Suisse. La première étape a été d’analyser nos besoins et de concevoir des appareils électriques les plus efficaces et les moins énergivores possible.

Nous avons opté pour 4 m² de panneau solaire, soit une puissance totale de 840 Wc, et une batterie 12V de 200Ah (soit une capacité environ 10 fois inférieure à celle d’une petite voiture électrique).

Nous avons décidé d’automatiser une partie des équipements électriques, car le mode de vie citadin (où l’on part travailler la journée et on rentre le soir) ne permet pas d’allumer ou éteindre chaque appareil au fil de la journée. Nous avons donc créé le cerveau. C’est un microcontrôleur Arduino relié à des relais (interrupteurs), que l’on peut programmer pour commander automatiquement chaque équipement électrique.

Deux interrupteurs trois positions permettaient de donner au cerveau des indications sur les prévisions météo de la journée et du lendemain. En fonction de la météo et de l’état de charge de la batterie, le cerveau se réglait en mode “survie”, “économie”, “normal” ou “extra”. En mode “survie” (parce que la batterie était en et que la météo était mauvaise), seuls les équipements indispensables étaient alimentés : les pompes d’arrosage tournaient au minimum, réfrigérateur éteint, mais on pouvait tout de même prendre des douches chaudes.

À l’inverse, en mode “extra” (batterie chargée et bonne météo), les équipements fonctionnaient à plein régime. Cela coïncide bien, car c’est par période de fort soleil que nous avions le plus besoin du réfrigérateur et de faire tourner l’eau dans le système de bioponie (cela réduisait la température de l’appartement).

L’énergie solaire est à son maximum en pleine journée et est totalement absente la nuit. Or dans un logement classique nous utilisons de l’énergie électrique tout au long de la journée. Nous avons donc programmé les appareils pour qu’ils consomment principalement en pleine journée : les pompes ne tournaient pas la nuit, nous pouvions programmer les cuissons pour qu’elles soient effectuées pendant notre absence. L’énergie était stockée sous forme électrique dans la batterie, mais aussi sous forme de chaleur dans le ballon d’eau chaude (très bien isolé thermiquement) et sous forme de froid dans le réfrigérateur. Enfin, nous avons dû adapter nos habitudes de vie en fonction de la météo. Les jours de soleil, nous pouvions effectuer des cuissons longues (haricots, fèves, conserves), alors que les jours de mauvais temps, nous devions économiser de l’énergie par des cuissons courtes.

Pour aller plus loin

Ressources complémentaires

Bilan et pistes d’amélioration

Le cerveau a très bien fonctionné et nous avons été autonomes en énergie. Nous avons consommé 15 fois moins d’énergie qu’un logement classique.

Ceci dit plusieurs amélioration sont à apporter :

  • D’après nos estimations, il aurait fallu rajouter un panneau solaire supplémentaire pour l’hiver (passer de 4 à 6 mètres carrés).
  • Il serait intéressant d’étudier l’échelle la plus appropriée pour ce type de réseau : un grand réseau électrique à l’échelle du quartier ou de la ville permet certainement des gains en rendement énergétique, mais un petit réseau à l’échelle d’un appartement ou d’un immeuble pousse ses habitants à être conscient de leur consommation et à apprendre à la gérer.
  • La programmation du micro contrôleur reste à optimiser, notamment pour que la mesure du niveau de batterie soit plus fiable.
  • Dépendre de l’énergie fournie par le vent (dans le cas de l’éolien) ou le soleil (dans le cas du photovoltaïque) demande à accepter que la météo influence notre quotidien, ce qui impose un changement de mentalité.

10. Garde-manger

Garde-manger

Des techniques low-tech de conservation des aliments

Dans un logement, le réfrigérateur consomme beaucoup d’énergie. De plus, de nombreux aliments se conservent très bien la température ambiante.

Il faut respecter quelques règles. Les pommes, par exemple, doivent être dans un endroit aéré car elles émettent de l’éthylène qui peut impacter les autres fruits.

Ce qui doit se conserver au froid est principalement les produits d’origine animale (viande et produits laitiers) ainsi que les boissons fraîches et les restes de repas. Le fait d’avoir un régime alimentaire végétarien réduit donc le volume nécessaire du réfrigérateur.

Enfin, le fait de produire dans la cuisine des plantes comestibles est un bon moyen de les conserver car nous pouvons les récolter au fur et à mesure des besoins.

Principe de fonctionnement

Notre garde-manger a été conçu par le designer Christopher Santerre. Le réfrigérateur 12 volts, d’un volume de 20 litres, était en tiroir, ce qui est plus performant qu’une porte classique.

Deux tiroirs aérés, en bois, l’un laissant passer la lumière, l’autre non, permettaient d’y placer la plupart des fruits et légumes.

Le système de culture en bioponie permettait d’y insérer les légumes qui se conservent avec les racines dans l’eau, comme les poireaux.

Les céréales, légumineuses, huile, épices… étaient conservés dans des bocaux et des bouteilles en verre.

Pour aller plus loin

Bilan et pistes d’amélioration

Nous avons été très satisfaits de toutes ces techniques de conservation. Il y a eu très peu de gaspillage alimentaire.

Seule amélioration à apporter:

  • les tiroirs du garde-manger étaient un peu lourds et peu ergonomiques.

11. Régulation thermique

Régulation thermique

Isolation, chauffage “Slow Heat” et clim “Low-Tech”

Chauffer ce qu’il faut là où il faut quand il faut.

Dans un logement, le principal poste de consommation d’énergie est le chauffage (60 à 70 % de la consommation totale).

Lorsqu’il est mal isolé (ce qui était le cas de notre immeuble construit dans les années 70), les pertes thermiques sont considérables.

Principe et fonctionnement de la régulation de température de l’appart’ du futur

Le choix d’un appartement de petite surface (28m²) facilite grandement le problème de la régulation de la température.

La première étape a été d’isoler l’appartement. L’idéal aurait été d’isoler tout le bâtiment par l’extérieur, mais dans notre contexte ce n’était pas envisageable. Nous avons opté pour une isolation par l’intérieur avec de la laine de chanvre (15 cm d’épaisseur).

Les blocs d’isolant étaient maintenus contre les murs et le plafond grâce à une structure en tasseaux de bois. Nous avons recouvert le tout par un tissu de coton. Nous avons hésité à utiliser un pare-vapeur, mais finalement renoncé, étant donné que nous pouvions facilement vérifier le taux d’humidité dans le chanvre et réagir en cas de problème. Malgré le fait que nous ayons perdu 2 mètres carrés de surface à cause de l’isolation, elle présentait de nombreux avantages : démontable, en matériaux biosourcés et économique, tout en étant performante.

La seconde étape a été de suivre le principe du slow heat : ne chauffer que les endroits nécessaires, quand c’est nécessaire. Par exemple, utiliser une couverture chauffante (moins de 100 watts) pendant 10 ou 20 minutes avant de rentrer dans le lit est beaucoup moins énergivore que de chauffer toute la chambre. La technique japonaise du kotatsu consiste à recouvrir une table d’une couverture descendant jusqu’au sol, et de chauffer le volume emprisonné sous la table, et ainsi tout le bas du corps lorsqu’on est assis.

Par temps froid le lit-boîte était séparé du reste de l’espace grâce à un rideau thermique (en été c’était une simple moustiquaire). C’est ce qu’on appelle le “déphasage” qui consiste à réduire l’espace de vie pour économiser le chauffage. Ce rideau thermique a la particularité d’être biosourcé et tissé à la main par les designers Juliette Berthonneau et Justine Gaignault dans le cadre d’une résidence Lainamac à la Villa Chateaufavier à Aubusson. Nous avions opté pour des fibres naturelles françaises, laine et lin, pour leurs propriétés thermiques et hygrométriques.

La régulation de la température concernait également les fortes chaleurs en été. En modélisant l’appartement sur un logiciel d’étude thermique, les étudiants de l’ICAM Grand Paris Sud ont remarqué que le système de bioponie faisait office de climatiseur : avec ses 300 litres d’eau en mouvement grâce à la pompe, il jouait le rôle d’un échangeur thermique. Le cerveau était programmé de manière à ce que la pompe fonctionne à une fréquence plus élevée lorsque la température augmente.

Selon cette étude, un point crucial était de poser des stores. Nous devions les lever pour faire entrer le soleil lorsqu’il faisait trop froid, et les abaisser pour garder la chaleur en hiver ou occulter le soleil en été. La partie basse de ces stores laissait passer le soleil à 50 % pour les plantes.

Enfin nous avons étudié le flux d’air pour la ventilation. L’air entrait par la cage d’escalier, car il y est préchauffé en hiver et rafraîchi en été grâce à l’inertie thermique du bâtiment. Le flux d’air passait par la chambre et s’évacuait par trois sorties via les toilettes, la douche et la hotte de cuisine. Des capteurs de température et d’humidité placés à l’intérieur et à l’extérieur de l’appartement permettaient au cerveau de commander les ventilateurs afin qu’il s’enclenchent uniquement lorsque c’était nécessaire, afin d’optimiser les échanges thermiques avec l’extérieur.

Pour aller plus loin

Bilan et pistes d’amélioration

Notre objectif était de réguler la température entre 18 et 28 degrés sans avoir de chauffage ni de climatisation. Même en cas de forte chaleur nous sommes bien restés en dessous des 28 degrés. Par contre, nous n’avons pas réussi à rester au-dessus des 18 degrés lorsqu’il faisait froid à l’extérieur. De plus, le taux d’humidité était souvent trop élevé (au-dessus de 70 %).

Voici nos retours d’expérience :

  • L’isolation aurait pu être renforcée au niveau des fenêtres, qui était en double vitrage, mais d’un vieux modèle.
  • Nous avons parfois utilisé un déshumidificateur, mais sa consommation était trop importante. Il aurait été intéressant de tester une ventilation avec échangeur d’air, afin de mieux ventiler pour évacuer l’humidité, tout en limitant les pertes thermiques.

12. Ordinateur low-tech

Ordinateur low-tech

Transformer un smartphone en ordinateur portable

Le principal impact environnemental du secteur numérique provient de la fabrication et de l’usage des terminaux numériques (smartphones, ordinateurs, tablettes, télévisions, etc.). Par exemple, la fabrication d’un smartphone nécessite en moyenne d’extraire 200 kg de matières premières. En France, il est renouvelé tous les 23 mois en moyenne.

Nous voulions diminuer notre impact tout en répondant à nos besoins numériques : envoyer des mails, communiquer sur les réseaux sociaux, écouter de la musique, regarder des films, téléphoner, etc. Un smartphone est capable de réaliser toutes ces tâches, mais n’est pas aussi ergonomique qu’un ordinateur. Nous avons donc transformé un smartphone en ordinateur low-tech. Grâce à ce système, Corentin n’a plus d’ordinateur depuis plus de 4 ans.

Principe de fonctionnement

L’OTG (On-The-Go) est une technologie commune à la plupart des smartphones Android. Elle permet de connecter des appareils USB au téléphone. Ainsi nous avons pu relier un hub USB au smartphone, auquel nous pouvons connecter un clavier, une souris, et des clés USB. Un boîtier en bois permet de contenir tout cet équipement. Un aimant maintient le téléphone en position horizontale ou verticale.

Pour regarder des films, l’écran du smartphone étant de taille réduite, nous avons opté pour un petit vidéoprojecteur 12 volts.

Pour aller plus loin

Ressources complémentaires

Bilan et pistes d’amélioration

Cet ordinateur low-tech est très adapté à l’usage de Corentin. Cependant, il ne convient pas à Caroline qui a besoin d’un écran plus grand et d’une puissance de calcul plus importante pour faire tourner les logiciels de conception 3D pour l’architecture d’intérieur. Elle a opté pour un ordinateur reconditionné dont elle prolonge la durée de vie au maximum.

13. Lit boîte

Lit boîte

Un lit boîte pour dormir confortablement sur ses deux oreilles

63 % des Français déclarent mal dormir. Or, une mauvaise configuration de la chambre à coucher peut avoir un impact direct sur la qualité du sommeil. L’exposition à la lumière artificielle ou un mauvais occultement des fenêtres perturbe la production de mélatonine, l’hormone du sommeil, retardant ainsi l’endormissement.

La température de la pièce joue un rôle crucial : une chambre trop chaude ou mal ventilée peut provoquer des réveils nocturnes, le corps ayant besoin de fraîcheur pour entrer en phase de sommeil profond. Le désordre dans la chambre à coucher peut aussi générer une forme de stress inconscient.

Les nuisances sonores nuisent également à la qualité du sommeil. Nous voulions dormir dans un endroit confortable, sans bruit ni lumière parasites. Il fallait aussi que la qualité de l’air soit bonne.

Principe de lit boîte

Nous avons été inspirés par les lits clos traditionnels bretons. Le lit était surélevé d’environ un mètre de hauteur, et entouré par des cloisons isolées avec 15 cm de laine de chanvre recouvert de tissu de coton. Une ouverture permettait de rentrer dans le lit depuis la pièce principale. Elle pouvait être obturée par une moustiquaire ou un rideau thermique, en fonction de la saison. Nous pouvions stocker du matériel sous le lit.

Souhaitant utiliser au maximum des matériaux biosourcés, nous avons également confectionné le matelas à partir d’un assemblage de laine de chanvre, tapis de jute et tissu de coton. Une guirlande lumineuse éclairait le lit-boîte.

Le flux d’air pour la ventilation de l’appartement venait de la cage d’escalier, traversait le lit boîte, la pièce principale, avant d’être extrait dans les toilettes, la hotte de cuisine et la salle de douche. Ainsi, l’air était renouvelé régulièrement pendant le sommeil.

Pendant les mois les plus froids nous avons testé une sous-couverture chauffante électrique qui permet, avec moins de 100 watts, de préchauffer le lit sans avoir besoin de chauffer la pièce entière.

Bilan et pistes d’amélioration

Nous avons été globalement satisfaits du lit-boîte. Le concept d’avoir un lieu très silencieux, avec une obscurité totale, uniquement dédié au sommeil, nous paraît très sain. L’unique amélioration à apporter serait sur la qualité du matelas : la laine de chanvre qui le constituait se tassait au fil des semaines.

14. Intranet

Intranet

Un réseau intranet pour communiquer entre voisins et regarder des films

Près de la moitié des émissions mondiales de gaz à effet de serre du numérique est liée aux data centers et réseaux. Le streaming vidéo à lui seul représente environ 60 à 80 % du trafic Internet mondial.

Quand j’envoie une photo à mon voisin, elle part via l’antenne de mon fournisseur d’accès internet, se télécharge sur le data center de mon service de messagerie, puis elle va être téléchargée sur le data center de son service de messagerie avant qu’elle atteigne l’antenne de son fournisseur d’accès internet pour enfin être téléchargée sur son téléphone. La photo aura parcouru des centaines de kilomètres via des câbles et des ondes, été copiée dans différents endroits de stockage, et aura utilisé des infrastructures très complexes et énergivores.

En développant un intranet à l’échelle du quartier, nous voulions regarder des films via un moyen de communication à la fois écologique et pas cher, mais aussi développer un réseau social entre voisins.

Principe de fonctionnement

Pendant notre escale à la Havane à Cuba, nous avons découvert un réseau intranet qui connecte 10 000 personnes entre elles.

L’accès à internet coûte cher pour les cubains. Ce système leur permet d’avoir un réseau presque gratuit pour jouer à des jeux, regarder des films, s’acheter et se vendre des objets, ou s’envoyer des messages. De plus, leur système est alimenté par des panneaux solaires, donc en cas de coupure d’électricité ils peuvent continuer à communiquer.

Les étudiants de l’ICAM de Nantes ont travaillé sur une version adaptée à notre contexte. Ils ont programmé un Raspberry Pi, une sorte d’ordinateur minimaliste, et l’ont connecté à une carte SD et à une antenne wifi posée sur le toit de notre immeuble. Les voisins qui captaient le signal pouvaient s’y connecter, regarder des films en streaming, écouter des podcasts, échanger des messages, discuter via des forums, et avoir accès à des informations comme la météo locale.

Pour aller plus loin

Ressources complémentaires

Bilan et pistes d’amélioration

La réalisation de cet intranet a mis plus de temps que prévu, il n’a finalement pas été opérationnel pendant l’expérience. De plus, nous avons eu des problèmes liés au choix de l’antenne. L’intranet n’a donc pas pu être testé à l’échelle du quartier. Cependant, les essais que nous avons menés nous ont convaincus que ce type d’intranet avait un potentiel intéressant, notamment pour mutualiser du matériel et des savoir-faire entre voisins, se rendre des services, et tout simplement favoriser les rencontres et liens sociaux de quartier.

15. Fitness club

Fitness club

Des machines de “fitness utile” pour garder la forme, tout en utilisant l’énergie déployée

Plus de 4 millions de personnes sont membres d’un club de remise en forme ou de fitness en France . On y compte plus de 4 000 salles de fitness. Rameurs, vélos d’appartement, tapis, elliptiques… Ces machines pourraient, en même temps que nous permettre de garder la forme, avoir une seconde fonction en remplissant des tâches utiles.

Nous avons imaginé que l’immeuble du futur pourrait avoir un espace commun entre les résidents, avec des machines de “fitness utile”.

Principe de fonctionnement

Au premier étage de l’immeuble, nous avons aménagé toute une salle de sport avec des machines de fitness ayant différentes fonctions utiles : produire de l’électricité, moudre des graines, pétrir de la pâte à pain, laver le linge… C’est Johnny, du Low-tech Lab d’Auroville en Inde, qui a chapeauté l’organisation du Johnny Fitness Club.

Le système qui a rencontré le plus de succès a été le rameur machine à laver. Il a été conçu avec des étudiants de l’ICAM Grand Paris Sud. La base du rameur est identique à celle d’un rameur classique : une assise sur roulette posée sur des rails, des cale-pieds, une barre connectée à une chaîne de vélo que l’on tire vers l’arrière et qui revient à l’avant grâce à un tendeur. Une machine à laver standard était fixée à l’extrémité de ce dispositif. Son moteur électrique a été démonté et un pignon libre de vélo a été soudé sur l’axe de rotation du tambour. Un tuyau de vidange a été connecté avec une vanne.

Voici le principe d’utilisation :

  • Mettre le linge et de l’eau savonneuse dans le tambour. Ramer pendant 10 minutes, vitesse lente.
  • Vidanger.
  • Mettre de l’eau dans le tambour, puis ramer pendant 10 minutes, vitesse lente.
  • Vidanger à nouveau, puis ramer pendant 5 minutes à vitesse rapide pour l’essorage. Avec ce cycle de 40 minutes, l’utilisateur aura ramé 8 kilomètres et réalisé sa lessive.

Pour aller plus loin

Ressources complémentaires

Bilan et pistes d’optimisation

Nous avons mesuré son efficacité de lavage en comparant avec une machine de laverie. Nous avons mis des tissus avec des taches de vin, d’huile et de terre dans les deux machines, avec la même quantité de savon, même température de l’eau, et même temps de cycle. Le tissu lavé par notre rameur est ressorti plus propre. Nous sommes très satisfaits de cette machine qui est ergonomique, ludique, tout en étant efficace dans sa fonction.

Ceci dit, il reste quelques optimisations à apporter :

  • La machine fuyait légèrement, car la chaîne de vélo tirait le tambour sur un axe horizontal. Il aurait fallu ajouter des pignons pour qu’elle tire sur un axe vertical, ou bien utiliser une machine à laver dont la porte se situe sur le dessus de la machine.
  • Le système de vidange et de remplissage aurait pu être optimisé pour faciliter l’opération sans avoir à se lever de l’assise.

16. Terrasse solaire

Terrasse solaire

Un espace partagé pour profiter de l’énergie solaire

Un mètre carré exposé au soleil équivaut à une puissance de plus de 1000 watts. Pour profiter de cette énergie gratuite et abondante pendant certains mois de l’année, nous avons imaginé que l’immeuble du futur serait pourvu d’espaces communs équipés de systèmes solaires.

Nous avons donc aménagé une terrasse solaire au premier étage de l’immeuble. Elle était équipée d’une parabole solaire, un four solaire, ainsi qu’un déshydrateur solaire.

Principe de fonctionnement

Le déshydrateur solaire était muni d’un capteur solaire, c’est-à-dire un volume ou l’air était préchauffé par effet de serre, avant de remonter par convection naturelle dans une armoire dans laquelle étaient disposées des claies avec les tranches de fruits et légumes à déshydrater.

Le four solaire était un tube en double paroi de verre avec des réflecteurs (voir le travail de l’association “Du soleil dans nos assiettes”) muni d’un rack dans lequel on peut faire cuire des gâteaux, céréales, légumineuses, légumes… La température monte à plus de 200 degrés.

La parabole solaire avait une surface d’environ un mètre carré, et concentrait les rayons sur une casserole. Il fallait orienter régulièrement la parabole face au soleil. Le système étant très puissant par beau temps, nous pouvions cuire tout ce qui peut être cuit à la casserole.

Pour aller plus loin

Bilan et pistes d’amélioration

Le déshydrateur solaire avec capteur est très adapté au climat de la région parisienne. Il permet de déshydrater des tranches de fruits et légumes avant qu’ils se perdent. Cette technique de déshydratation permet de conserver une bonne partie de la valeur nutritive des aliments. De plus, il demande peu de maintenance et est très facile à utiliser.

Le four solaire coûte assez cher à l’achat et elle est très fragile. Cependant, il est très efficace, ergonomique et simple à utiliser. On peut enfourner un plat le matin et le laisser cuire pendant la journée, afin de le consommer le soir.

La parabole solaire est plus exigeante et moins sécure, car il faut rester à côté, et faire attention à ce que les rayons soient bien concentrés vers la casserole.

17. Biodigesteur

Biodigesteur

Produire du gaz et des engrais à partir de déchets organiques

Nous avons voulu tester la production de gaz et d’engrais par méthanisation. Comme nos déchets de toilette et de cuisine étaient déjà valorisés par les larves de mouches soldat noires, nous avons demandé à une boulangerie du quartier de récupérer les invendus.

Nous le nourrissions avec du pain sec mélangé aux eaux usées de l’évier de cuisine. L’objectif était de produire suffisamment de gaz pour les cuissons de nos poêlées de grillons et de champignons, que nous ne pouvions pas faire avec la cocotte du futur. Nous voulions aussi produire un engrais organique pour la ferme partenaire.

Principe de fonctionnement

Nous avons acheté un méthaniseur du commerce avec un volume de stockage de 700 litres de gaz non compressé. Nous l’avons installé en bas de l’immeuble. Après la période de démarrage, qui dure plusieurs semaines et demande à ajouter de la bouse de vache ou du crottin de cheval, nous avons commencé à obtenir du gaz.

Nous estimons la production à une demi-heure de gaz (avec un débit faible) par jour en le nourrissant quotidiennement avec un seau de 10 l (mélange de pain sec et d’eaux usées de l’évier).

Le système a fonctionné pendant 2 mois (juillet et août), mais à partir de septembre la température a chuté, et le méthaniseur s’est arrêté de fonctionner.

Pour aller plus loin

Ressources complémentaires

Bilan et pistes d’amélioration

Nous étions extrêmement satisfaits du système pendant les deux mois de fonctionnement. Puis nous avons été déçus par son arrêt soudain.

  • Il aurait fallu isoler le biodigesteur, ou le mettre dans une serre , afin qu’il reste chaud plus longtemps. Ce n’était sans doute pas le modèle le plus adapté à notre climat.
  • L’opération de descendre le seau rempli d’eau usée de l’évier était un peu pénible. Il aurait été préférable d’avoir un tuyau d’évacuation directement connecté.
  • La réglementation actuelle ne permet pas d’installer un biodigesteur si proche des habitations. Nous avons pu le faire à titre expérimental.